- jugeur
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⇒JUGEUR, -EUSE, subst. et adj.A. — Emploi subst. masc., HIST. DU DR. Juge qui avait pour fonction de juger, de dire le droit, par opposition au juge qui n'était que rapporteur. La sentence se prononçoit par la bouche de certains jurés nommés jugeurs. Ces jugeurs ne pouvoient être tirés de la classe des vilains et coutumiers (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 392) :• 1. Le Parlement, d'abord ambulant avec le monarque, fut ensuite rendu sédentaire; il eut des sessions fixes et devint enfin perpétuel : des conseillers jugeurs [it. ds le texte] tirés de la classe de la noblesse et de l'église, des conseillers rapporteurs choisis parmi la classe des clercs et des bourgeois, le composoient.CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831p. 328.B. — Emploi adj. et subst., vieilli1. Emploi adj. Qui porte des jugements. Louvois sentait en La Fare (...) un esprit indépendant, jugeur et qui ne pliait pas (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 10, 1854, p. 392).2. Emploi subst. Personne qui porte des jugements de valeur. Malgré l'immense respect que j'ai pour votre sens critique (car chez vous le jugeur est au niveau du producteur [...]) je ne suis point de votre avis sur la manière dont il faut prendre ce sujet-là (FLAUB., Corresp., 1874, p. 178) :• 2. Je ne répondrai point aux mille et une absurdités qu'on a débitées contre cet ouvrage : le public en a fait justice, et les gens de lettres me sauront peut-être gré d'avoir osé traiter un pareil sujet : quant à ces jugeurs pitoyables, pour qui rien n'est difficile que de se taire, je les remercie d'être d'un autre sentiment; car après l'éloge d'un homme instruit, rien n'est plus flatteur que la critique d'un sot.LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, p. 5.Prononc. : [
], fém. [-ø:z]. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 « souverain juge, celui qui règne sur un pays » (Alexis, éd. Chr. Storey, 364); b) ca 1100 « juge » (Roland, éd. J. Bédier, 3699); 2. a) 1275-80 « connaisseur » (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 18009); b) 1774 « celui qui décide et juge de tout sans connaissance » (BEAUMARCHAIS, Quatrième Mémoire ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 135, s.v. isolation). Dér. de juger; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. : 24.
jugeur, euse [ʒyʒœʀ, øz] n.❖———I Hist. Juge, juré ou conseiller pouvant donner un jugement (certains juges n'étant que rapporteurs). Cf. Chateaubriand, in T. L. F.———II Péjoratif et rare.1 (1773, Beaumarchais). Personne qui se plaît à juger de tout sans la compétence nécessaire.♦ Adj. Qui juge de tout.1 (…) elle avait la prétention de faire des mots; elle était souverainement jugeuse. Littérature, politique, hommes et femmes, tout subissait sa censure (…)Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 714.2 (1870). Personne qui porte des jugements.2 Il était le conseilleur et le jugeur terrible qui, devant un tableau, mettait le doigt sur la plaie, jetait sa critique à l'endroit juste.Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 350.
Encyclopédie Universelle. 2012.